Je perçois ma peinture comme une histoire de temps et de géographies intérieures, d’une dimension archéoloqique impliquant la recherche, le mystère. Découvrir, réveler, (se laisser) raconter une histoire, puis la livrer.
Cette démarche se traduit techniquement pour commencer par une juxtaposition de fragments de papiers anciens, lettres, journaux, papiers de soie, traces, empreintes, écritures, d’abord aléatoires, puis qui se rejoignent. Sortes de vestiges qui, au fil du temps, de la construction, des choix, s’étoffent, se colorent ou s’épurent pour n’en laisser que les traces, formant ainsi par strates la matière de l’oeuvre au présent, mise à jour.
Souvent deux formes s’imposent, entre rencontre et confrontation, passé et présent, entre un continent et l’autre.
Reliées dans tous les cas.
La dimension archéologique et le travail de la matière, de l'empreinte restent à la base du processus créatif, mais dans des compositions et une palette de couleurs plus libres et plus larges, que je découvre, laisse se révéler puis oriente au fur et à mesure , pour laisser se révéler ces traces qui nous suggèrent un passé,
une histoire.
Je m’interroge sur le cheminement, l’acte de création en lui même qui symbolise l’action de vie.
Un choix de chaque instant de conserver ou recouvrir, oser le risque de perdre, tenter de retrouver ces parties les plus précieuses, s’adapter à une nouvelle composition qui évolue sans cesse, et créer ces histoires par couches successives, voir le résultat de toutes ces décisions et orienter la suite du chemin, à l’image de la vie.
Le passé qui a construit se laisse deviner par ses traces pour composer une histoire au présent et permettre un avenir où tout est possible.
Livres oubliés, abandonnés...
Les techniques d’exploration, l’intégration d’objets du quotidien, changeant le regard et le rapport à l’oeuvre devenue plus accessible m’ont attirée et fait adopter le goût de l’exploration ainsi qu’une grande liberté de création.
Le livre s’est révélé mon support de prédilection.
Que ce soient des magazines retravaillés page par page,
des catalogues entièrement reconvertis, ou actuellement des livres,
ma démarche va être de redonner une vie à tous ces trésors qui permettent de s’évader au travers d’un récit écrit, mais dans une autre dimension.
Il s’agit pour moi,d’aborder ces livres « perdus » dans un processus de renaissance, non plus par l’écrit narratif mais comme un retour aux sources en leur restituant leurs lettres de noblesse.
La dimension archéologique et le travail de la matière, de l’empreinte, de la trace,restent à la base du processus créatif.
Traces, empreintes de murs, matières,poésies urbaines la plupart du temps,fixées dans le temps pour un instant,
sources d'inspirations dans tous les cas.